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bouddha et le moine
10 septembre 2008

introduction au ZEN

On pense très généralement que le Zen est différent des autres approches du Bouddhisme. Cette impression fausse a probablement son origine dans des développements récents en Chine et au Japon. Le mot japonais "Zen" vient du mot chinois "Ch’an", lequel vient du mot sanscrit "Dhyana" (Jhana en Pâli) et signifie "méditation". Dhyana fut introduit en Chine, en provenance de l’Inde, vers le 6ème siècle après J.-C., probablement par Bodhidharma. Mais en Chine, puis plus tard au Japon, son exercice subit des modifications considérables, au point de le rendre méconnaissable, à cause du caractère et de la culture de ces deux pays, de telle sorte que cette tradition est de nos jours, généralement considérée comme chinoise ou japonaise. Cependant, l’esprit du Bouddhisme originel dont la source est en Inde, reste sous-jacent dans le vide du Zen. En effet, ses principes fondamentaux trouvent leur origine dans l’enseignement et les idées des Textes Canoniques. D’importantes doctrines considérées par les ignorants, comme typiquement Zen, sont en complète harmonie avec l’enseignement et la tradition Thera-vâda. Par exemple, le Zen prétend que la réalisation du "satori" (illumination ou éveil) ne se trouve pas dans les textes, qu’il est impossible de réaliser l’expérience du satori par la seule lecture des sutras et qu’on ne doit pas s’attacher à la lettre de la Loi. Ceci ne signifie nullement que l’on ne doit pas étudier les sutras ou les textes. Tous les maîtres Zen ont été et sont encore des érudits en matière de textes. Comme le Dr D.T. Suzuki l’a fait remarquer d’une façon humoristique : "Le Zen prétend être une transmission spécifique en marge des textes et être allergique à tout verbalisme, mais ce sont les maîtres Zen les plus bavards et les plus prolixes en écrits de toute sorte". L’idée que la réalisation de la Vérité (Nirvâna) ne peut être atteinte par la seule étude du Dhamma est une doctrine essentielle du Thera-vâda. Mais la connaissance du Dhamma (pariyatti) est un outil nécessaire. Bien entendu, cette connaissance seule ne peut suffire. Elle doit être mise en pratique dans la vie de tous les jours (patipatti). D’après le Dhammapada (vv 19.20), celui qui connaît les textes à fond, mais ne met pas cette connaissance en pratique est comme un homme qui compterait les vaches de son voisin ! Celui qui est moins érudit mais qui met en pratique ce qu’il a appris en tirera joie et bénéfice. D’après la tradition Thera-vâda, la personne qui étudierait les textes sans utiliser ses connaissances pour s’enrichir spirituellement, ferait mieux de dormir que de perdre son temps à l’étude des textes. Le Dhamma (l’enseignement) est comparé, par le Bouddha, à un cadeau (Kullupana) dont le seul but est de nous faire traverser la rivière et non pas de devenir un objet d’attachement, (nittha-rantthaya no gahanatthaya). Si l’on se contente de s’asseoir sur le radeau sans le diriger convenablement et sans ramer, on n’arrive jamais sur l’autre rive. Une fois l’autre rive atteinte, il est sans objet d’emporter le radeau sur son dos sous prétexte qu’il a rendu service. Il vaut mieux le laisser pour qu’il soit utilisé par quelqu’un d’autre. Il serait par contre ridicule de le brûler, de le détruire après qu’il a servi. Un moine Zen érudit nommé Tokusan (782-865), spécialiste du Sutra de Diamant, aurait, dit-on, brûlé le sutra et toutes ses notes, apparemment par mépris, après avoir obtenu "l’éveil soudain". Sa longue étude du sutra était probablement en grande partie responsable de son prétendu "éveil soudain". Un autre thème important du Zen est qu’il vise à se concentrer sur l’esprit. C’est en d’autres termes la même chose que signifie l’expression pâli sacchikaroti qui veut dire "voir avec ses propres yeux", "expérimenter directement". Ainsi, le Dhamma également (la Vérité) "doit être atteint par le sage solitairement, dans sa solitude intérieure" (paccattam verditabbo vinnuhi). Le thème le plus important du Zen est la réalisation de la Bouddhéité par la vision directe de sa propre nature. Cette vision "dans sa propre nature", ou " dans la Vérité", apparaît dans les textes pâlis dans des expressions comme nanadassana (voir avec sagesse), cakkhum udapadi (l’oeil était né ouvert), panna udapadi (la sagesse apparut), aloko udapadi ( la lumière apparut). Dans la phraséologie Zen, on devient un "Bouddha" en réalisant le satori. Le sens qui est donné ici au mot "Bouddha" n’est pas le même que celui du Bouddha Gotama qui était un Sammâsambouddha (parfaitement et pleinement illuminé). Il serait flatteur de penser que n’importe qui peut devenir aussi extraordinaire que le Bouddha Gotama, simplement en réalisant le satori, quel que soit le sens exact de ce mot. Ici, le mot "Bouddha" est utilisé dans son sens le plus restreint de "l’Eveillé" ou "Illuminé" (de la racine budh=éveiller"). Quiconque a réalisé la Vérité (nirvâna) pourrait être appelé "bouddha" dans ce sens, d’après la tradition thera-vâda. L’upasakajanalankâra, traité pâli s’occupant de l’éthique des laïcs et écrit au 12e siècle ( ?) par un Thera nommé Ananda (dans la tradition Thera-vâda du Mahâvira d’Anuradhapura), déclare que si un disciple atteint l’illumination (shravaka-bodhi) il est dès lors un Shravaka-Bouddha. Dans le theragatha même, le terme de sambodhi (plein éveil) est utilisé pour définir la réalisation de l’état d’arhat par un thera. Le Commentaire dit qu’à cet endroit, le terme sambodhi signifie arahatta (état d’arhat). Même un Sammâsambouddha est un arhat (arahamsammasam-bouddho). Thera-vâda et Mahâyâna sont d’accord en ce qui concerne vimutti (ou vimukti) à savoir, émancipation libération ; c’est à-dire en ce qui concerne l’état d’arhat et la libération des souillures. Il n’y a pas de différences entre le Sammâsambouddha( Samyaksambouddha en sanscrit), le Paccekabouddha (Pratyekabouddha, en sanscrit) et un Savaka (Shravaka, en sanscrit), c’est à dire un disciple qui est libéré (ayant atteint l’état d’ahrat). Un Sammâsam-bouddha est supérieur à un Paccekabouddha et à un disciple libéré dans le domaine de la connaissance et la possession d’innombrables qualités, talents et potentialités. Même si un disciple ayant réalisé le Nirvâna, ayant atteint l’état d’arhat, peut être appelé "Bouddha", le Thera-vâda, sans doute par discrétion, n’utilise pas ce terme avec la générosité dont fait preuve le Zen à l’égard de ceux qui sont supposés avoir réalisé le Satori. (Le Zen insiste beaucoup sur la soudaineté de la réalisation du satori comme s’il s’agissait là d’une qualité particulière et fait état de nombreuses histoires qui illustrent ce fait. Par exemple, le maître Zen Reiun, après trente années d’entraînement et de discipline sévères, atteignit le satori à la vue d’une modeste fleur de pêcher épanouie. Maître Kyogen, après une quête longue et ardue, eut son satori en entendant le bruit d’un caillou frappant une tige de bambou. Un autre maître Zen du nom de Mumon avait pratiqué, pendant six années, une discipline de méditation sévère sur le fameux koân Mu ou Vide (néant) sans résultat. Un jour, il entendit le roulement du tambour qui annonçait l’heure du repas et réalisa soudainement le satori. Les exemples de ce genre ne manquent pas dans les commentaires pâli, soit "d’éveils soudains" ou des "réalisations soudaines de l’état d’arhat". Un acrobate, nommé Uggasena, se tenant en équilibre sommaire au sommet d’un mât de bambou, crut entendre le Bouddha prononcer les paroles suivantes, ressemblant à un koân Zen : "Largue devant, largue derrière, largue au milieu, au-delà de l’existence avec un esprit totalement libéré, tu ne reviendras pas pour naître et mourir". Un thera nommé Usabha, vivant dans une grotte au pied d’une montagne blanche, fut pris d’un profond dégoût pour l’existence parce qu’il n’arrivait pas à se débarrasser d’impures idées de convoitise. Au moment où il se préparait à se suicider, en se jetant dans le vide du sommet d’un rocher, il atteignit l’état d’arhat. Le jeune prince Vitasoka, jeune frère de l’empereur Asoka, était un élève de Giridatta Thera et connaissait bien le Dhamma (dharma, en sanscrit). Un jour, il prit le miroir que tenait le barbier en lui taillant sa barbe et apercevant son visage par réflexion il atteignit l’état de Sottapatti (entrée dans le courant) Plus tard, il se fit bikkhu sous l’autorité de ce même maître et atteignit l’état d’arhat. Baghu Thera, afin de vaincre une somnolence tenace, sortit de sa cellule et, comme il pénétrait dans le cloître pour méditer (Cankama, marcher), il atteignit au même moment l’état d’arhat. De même, une religieuse (theri) d’âge avancée, nommée Dhamma Theri, revenait de sa tournée d’aumônes quand elle tomba par terre. Soudainement et inopinément, son esprit fut libéré. Siha theri, soeur du général Siha, n’était pas arrivée, après sept années de méditation sérieuses, à trouver la paix de l’esprit. Très désappointée et écoeurée de ne pouvoir trouver cette paix, elle décida de se pendre. Ayant attaché une corde à une solide branche, elle passa la tête dans le noeud coulant. Et tout d’un coup, elle réalisa la vérité et devint Arhat. Patacara Theri avait atteint l’état de sotapatti et visait des états plus nobles. Un jour qu’elle se lavait les pieds dans une bassine, elle vit un peu d’eau disparaître dans le sol. A trois reprises, elle vit ainsi l’eau disparaître dans le sol. A cette vue, elle fut complètement fascinée par la pensée de l’impermanence et la façon dont les agrégats apparaissent et disparaissent. Perdue dans ses pensée, elle aperçut le Bouddha qui lui parlait : " Un seul jour de la vie d’une personne qui perçoit le flux et le reflux (des choses conditionnées) est plus utile que les cent années de la vie de quelqu’un qui ne percevrait rien". Au même moment, Patacara atteignit l’état d’arhat. Bien que la réalisation de l’Eveil, de l’Illumination, de l’Emancipation dont il fait état dans ces histoires Zen et Thera-vâda ait l’air d’être soudaine, il n’en est rien en fait. Dans ces exemples comme dans beaucoup d’autres, l’éveil "soudain ou subit" n’intervient qu’après une très longue période de sévères discipline, entraînement, lutte et pratiques, sinon dans cette vie, peut-être dans une vie ou des vies antérieures conformément à l’enseignement et à la croyance bouddhiques. L’événement n’est soudain que parce qu’il ne peut être ni prévu ni programmé, ni fixé par un acte volontaire : personne ne peut décider qu’après un certain nombre de semaines, de mois ou d’années de discipline et de méditation, l’éveil se produira à une date et une heure données. Cet événement se produit au moment le plus insolite, dans des conditions que l’on avait jamais envisagées, quelque fois d’une façon presque dramatique. Mais, ce moment finit par arriver, résultat d’une lutte et d’un entraînement éprouvants et longs. Les Maîtres Zen admettent eux-mêmes que "tout le monde ne peut pas espérer avoir l’entraînement suffisant pour réaliser l’expérience merveilleuse du Satori."
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